Par thierrydeparis
Communauté : Gay infos
le recit de Brice sur ca premiere fois
fait comme lui envoie moi ton histoire gay


Tout avait commencé il y a 18 ans.
j'ai vécus Dix-huit ans dans une différence que je ne m'explique toujours pas, que je ne cherche d'ailleurs pas à expliquer.
 En grandissant j'avais mis un nom sur cette différence. Dans les livres, on l'appelait l'homosexualité. C'est assez étrange la manière dont tout ça se passe.
On se réveille un beau jour et on se surprend à se dire « je suis gay ».
Ça paraît presque simple, vu comme ça.
Pour moi, et pour beaucoup j'en suis sûr, ça n'a pas été si facile.
On n'échappe pas aux grandes questions, à l'impression d'anormalité, aux appréhensions, à la peur, aux mensonges. Je ne crois pas que les hétéros en soient passés par là.
Alors un jour on se penche sur notre cas, on cherche à comprendre, parce qu'on sait bien qu'on n'est pas vraiment comme les autres.
Une seule chose me tracassait : pourquoi voulais-je à tout prix devenir ami avec les beaux garçons.
Sans doute parce que j'avais cette illusion que je ne recherchais que leur amitié ou leur présence, une sorte de favoritisme qui aurait comblé mes désirs.
Et puis ça ne suffisait pas.
Ce que je voyais dans mes « copains beaux gosses » c'était les probables ébats sexuels que nous pourrions avoir. C'était au début de l'adolescence, quand on se branle entre copains.
Dans le fond c'était peut-être la seule chose que je voulais.
Et puis ces amitiés sont devenues fantasmes masturbatoires.
Il apparaissaient dans mon imagination et ça me donnait plus de plaisir.
C'était donc bien ça que je voulais avec eux.
J'étais homosexuel. Déjà. Mais je ne le savais pas encore.
C'est quand j'ai déménagé que j'ai compris.
J'ai migré à l'autre bout de la France, et j'ai débarqué en 3e. J'ai battu les records de « non-intégration », personne ou presque ne me parlait, j'avais l'impression d'être la bête noire de la classe, qui pendant les 3 premiers mois s'est bien amusée à m'en faire baver.
C'était le moment où je me posais de grandes questions existentielles, ou j'avais besoin de prendre confiance en moi, de me sentir bien entouré.
Au lieu de ça j'ai passé un an de solitude intérieure, en intériorisant tout, même ma souffrance.
À la fin de l'année, j'en ai parlé à une fille de ma classe. C'était à une soirée, les booms d'ados.
J'ai avoué être bi. Je m'en étais même persuadé.
J'avais l'avantage de pouvoir tomber du bon côté, de devenir normal, de me marier, d'avoir des enfants et de dire à tout le monde « je suis hétéro ».
Là j'ai découvert Internet. C'était en seconde.
J'y ai vu le sexe, le sexe et encore le sexe.
Et j'aimais ça.
Enfin ça me donnait envie.
Et puis un jour j'en ai eu marre.
Je voulais plus me mentir et mentir aux autres, à tous ceux à qui je parlais sur le net.
Ça c'est fait pendant la nuit.
Je n'ai pas dormi.
Je pesais le pour et le contre.
Et puis c'est tombé, je me suis dit « je suis gay ».
Ça devait bouleverser ma vie. Ça voulait dire devoir le dire un jour à mes parents, ça voulait dire que je me condamnais à vivre dans l'anormalité, je ne pourrais plus jamais faire demi-tour, je serais homo et rien d'autre.
Avec le temps, je m'y suis fait.
Il y a deux jours, j'ai eu 18 ans.
Et hier j'ai lu que le premier rapport sexuel pour les garçons homos, c'était aux alentours de 14 ans. En quatrième, tout était beau, je me foutais de ma sexualité, je voulais même devenir prêtre, c'est pour dire.
Aucune appréhension, aucun complexe, j'étais heureux de vivre, sans aucune superficialité.
J'étais fringué comme un plouc par ma mère, je passais mes soirées à jouer au foot avec mes voisins, j'allais au scout les week-ends et à l'église le dimanche matin
je vivais bien, quoiqu'on en pense.
Et puis déménager a chamboulé ma vie. Je suis passé de 12 ans d'âge mental à 15-16 ans en un an. J'ai pas eu le temps de m'accepter, d'apprécier ce que j'étais, de m'apprécier. Alors aujourd'hui je ne m'aime pas.
Trop gros. Trop laid. Trop timide. Trop coincé. Trop vieux garçons. Trop différent. J'ai 18 ans et pourtant je m'entends mieux avec des gens qui ont 30-40 ans, j'ai 18 ans et je n'aime pas aller en boîte, pas plus qu'en soirée ni dans les bars. Je ne vais jamais au cinéma.
Je peux passer trois semaines dans ma chambre, devant mon ordinateur, sans mettre une seule fois le nez dehors. Je suis un vieux garçon, en fait. Et à 18 ans je me demande pourquoi je suis vierge et pourquoi je suis seul. Mais dans le fond je sais très bien pourquoi.
Je suis différent dans ma différence. Je ne fais pas de rencontre pour niquer une nuit. Je ne vais pas dans les bars gays de ma ville. Je ne sors pas. Je n'ai pas les mêmes sources de plaisir que les autres. Je suis un vieux sentimental qui tombe amoureux à tord, et qui en source.
J'ai même été suicidaire, dans mon grand désarroi. Je sais déjà qu'à 25 ans, je serais pareil. Frustré et pleurnichard. Incapable de prendre ma vie sexuelle et sentimentale en main. Juste bon à écrire, et encore.
Il y a deux jours, j'ai commencé à m'imaginer autre chose.
Avant de m'endormir je m'imagine avoir « un mec ».
Quelqu'un à aimer, quelqu'un qui m'aime, on passerait des heures à s'embrasser, on s'aimerait comme au premier jour, ce serait bon, voluptueux, tendre, doux, langoureux même. Je pleurerais quand il m'embrasse, tellement j'en serais comblé.
Et puis on ferait l'amour, n'importe ou, au salon, ça n'a pas d'importance, et nous nous aimerions encore.
Ce serait magique. C'est illusoire.
Et puis quand je me réveille rien n'a changé.
Personne ne dort à mes côtés, je n'ai personne à aimer.
Et on me dit inlassablement de ne pas perdre espoir, que ça viendra un jour.
Ça fait longtemps que j'ai arrêté d'y croire, même si je n'ai que 18 ans.

 

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