recit gay de julien
Que j’aime les vacances. Il est presque midi quand j’ouvre les yeux. Après un demi siècle d’étirement dans toutes les directions, je me lève et débranche mon cellulaire qui était en charge toute la
nuit. Deux messages textes apparaissent. Fébrilement, j’ouvre le premier; Il vient de Valentin :
«Passe une bonne journée Julien, je pense à toi»
Mon cœur bat la chamade. Valentin m’a prévenu que nous ne pourrions pas nous voir puisqu’il aller voir de la famille en Estrie. Le fait qu’il pense à moi remplit ma journée de soleil. Même le ciel
gris et bas ne parviendra pas à faire flancher mon moral. Valentin pense à moi, Valentin pense à moi. Que ces mots sont agréables à entendre. Descendant partiellement de mon nuage, j’ouvre le
deuxième message texte. Mon cœur cette fois cesse de battre. Il vient de Patrick.
-J’aimerais te voir today, si tu as envie.
Je tombe à la renverse sur mon lit, mon cellulaire toujours vissé à mon oreille. Patrick est le roi de phrases ambiguës. Comment comprendre son «si tu as envie»? Envie de le voir ou envie de me
retrouver frissonnant, sa bouche sur ma peau. Envie de sexe ou envie de discuter comme deux vieux amis qui se connaissent depuis deux jours ?
Je passe machinalement ma main dans mon boxer effleurant ma queue raide du matin. Je ne sais pas ce que je peux lui promettre à elle qui est déjà prête à tout. J’effleure mes couilles toute
chaudes et me décalotte. J’ai bien envie de…
Mon cellulaire sonne. Je sursaute sortant de mes caresses solitaires.
-Salut, c’est Patrick.
Il faut que mon cœur reprenne, il faut que mon cœur reprenne, il faut que…
-je te réveille pas j’espère, continue t-il
Voilà, mon cœur à redémarré. Voilà déjà une bonne chose.
«Non, non. Je suis réveillé depuis un moment»
Quel menteur je suis, moi qui ai décollé de mon lit que quelques secondes pour y retomber comme un gros bébé.
-t’as eu mon message ? S’inquiète Patrick.
«Oui je l’ai eu»
-Et ?
Là je suis sensé répondre tout de suite. J’ai le choix entre deux mots, six lettres au total qui peuvent faire basculer ma journée…ou ma vie. L’option «oui» provoquera, c’est presque assuré la plus
ignoble trahison dont je serais l’ignoble auteur et Valentin la plus inoffensive victime. L’option «non» provoquera la plus grande déception infligée à Patrick et à ma queue frétillante dans mon
boxer.
Il faut que je réponde non, il faut que je réponde non…
-Oui, je suis ok. Dis-je.
Lâche !
-Tu viens chez moi ?
«Oui, si tu me dis où tu habites.»
J’attrape un bout de papier sur mon bureau et un stylo qui refuse de fonctionner. J’espère que ce n’est pas un signe. Le second, lui n’hésite pas une seconde et sans aucun scrupule danse sur le
papier m’indiquant le trajet.
Il me faut vingt minutes pour décider comment je vais m’habillé. Côté chaussures, je mettrai les Adidas noires que Patrick m’a conseillé mais je peux quand même pas prendre le métro avec des
baskets et juste un boxer. Non, c’est décidé, ce tee-shirt gris et mon sweet bleu; ou alors mon tee-shirt noir et mon sweet vert. Voilà, c’est décidé.
Une heure plus tard, ma planche de skate sous le bras, je sonne à la porte de Patrick.
Je suis tout beau tout propre; enfin tout propre. Je porte un tee-shirt blanc et une veste molletonnée moutarde.
Patrick vient ouvrir la porte. Il semble que lui aussi est tout beau tout propre, mais lui c’est une habitude. Il me sourit et attrape ma planche puis il pose un bisou sur ma joue. Je manque
tressaillir d’autant que je suis juste sur un pied, en train d’enlever mes baskets.
-Tu viens dans ma chambre ?
-Oui, je voudrais bien voir ta chambre, dis-je.
Je pose mon skate et suis Patrick. La déco est très jolie et la maison plus grande que je ne le pensais vu de l’extérieur. On arrive dans la chambre de Patrick.
Elle est plutôt bien rangée…par rapport à la mienne mais une chambre de garçon sera toujours une chambre de garçon. Face au lit, accrochée au mur une télé écran large.
«Beau jouet», dis-je en la montrant du pouce.
-J’ai pas de mérite elle est volée.
«Quoi ?» J’ai presque crié avant de voir le visage de patrick se fendre d’un grand sourire précédant un éclat de rire.
-Si t’avais vu ta tête ? C’est une blague, Julien. Je ne suis pas un voleur de télé ni de quoi que ce soit…ni de qui que ce soit.
Là, un énorme silence s’installe. Généralement, ces silences là, j’en fais mon affaire en faisant la pire de gaffe ou en disant la plus grosse banalité du siècle. Là, je ne trouve rien à dire. Je
cherche dans le vide sidéral de mon cerveau, mais non juste un courant d’air.
«Tu veux qu’on aille faire un tour dans le parc?» propose Patrick.
-oui, il fait beau aujourd’hui.
Voilà, qu’est ce que je disais. Je savais que j’allais plonger lamentablement dans la platitude la plus absolue. Patrick est soit très poli, soit sourd soit très indulgent. Il ne me gifle pas !
Le parc est givrée mais d’une beauté absolue. Patrick et moi marchons côte à côte. Il me regarde intensément chaque fois que je parle et là, je vous prie de croire que mon cerveau fonctionne à
plein régime.
-Je voudrais te poser une question, m’interrompt soudain Patrick.
«heu oui…pose toujours!» Ta gueule Julien, me dis-je en silence.
-Qu’est ce que tu pense de moi ?
Patrick vient de me transformer en Jules César. Je lève ou baisse le pouce. Sauf que moi les films de mecs en jupettes qui danse la valse avec des lions affamés, c’est pas mon truc.
«Honnêtement ?»
-ça commence mal, grimace Patrick.
Il y a des personnes qui sont belles même dans les grimacent. Patrick est de celles-là.
«Je trouve…que t’es un garçon gentil, attentionné et…»
-Et ?
Je n’ai jamais dit à un garçon que je le trouvais beau et je ne pensais pas que ce serait si difficile.
-Et physiquement ? Me relance Patrick
«Difficile de rivaliser avec toi. Pas facile de passer pour le vilain petit canard à côté de toi.»
-c’est vrai, approuve Patrick avant d’éclater d’un rire enfantin.
Je me sens bien avec lui. Détendu comme avec personne.
«En ce qui concerne le vilain petit canard, tu te trompe, t’es très très cute»
Je reste muet laissant mes yeux se poser sur l’étang gelé.
-Tu es avec Valentin, hein ? reprend Patrick.
«Qu’est ce que c’est d’être avec Valentin ? Là il me semble que c’est plutôt avec toi que je suis.»
-tu sais très bien ce que je veux dire.
«Si la question est de savoir si j’ai…si on a eu…disons...si valentin et moi on a fait des trucs ensemble, c’est oui»
Comment ai-je pu lâcher ça sans bafouiller une seconde ? Enfin bon !
Les yeux de Patrick me contemplent et j’y lis un peu de tristesse ou plutôt est-ce du regret ?
On est planté au beau milieu du chemin, face à face, les yeux dans les yeux. Je ne sais pas quoi dire et me mordille les lèvres. Je fais alors la chose la plus surprenante de ma vie.
Je me hisse sur la pointe des pieds et embrasse Patrick sur la joue. Je crois que je suis amoureux. Non, le doute n’est plus permis. Je suis amoureux de Patrick.
Une heure après, un peu gelés, on rentre chez Patrick. La maison est toujours silencieuse un instant perturbée par une sirène de police. Je me débarrasse de mes souliers dans l’entrée.
Note : Au canada, on enlève toujours ses chaussures quand on arrive dans une maison à cause de la neige fondue
Patrick me propose de me faire un chocolat chaud ce que j’accepte avec plaisir. On se retrouve tous les deux dans la cuisine lui la tête dans le frigo, moi assis sur un tabouret de bar, réchauffant
mes orteils dans mes chaussettes mouillées.
-je peux enlever mes chaussettes, Patrick ?
«T’en veux des sèches ?
-Non, elles vont sécher.
Je quitte mes chaussettes et fais craquer mes orteils. Patrick regarde mes pieds comme s’il s’agissait de ma queue. Avec tellement d’insistance que ça en est gênant.
-Tes pieds sont vraiment beaux, finit-il par dire. Tes orteils sont si fins…
Je n’ai pas l’habitude qu’on s’extasie sur mes pieds et je suis Patrick et son plateau qui se dirige vers les canapés du salon. Il me tend une tasse que je prends et serre des deux mains pour
réchauffer mes doigts.
-Toujours froid, Julien ?
«Oui, aux pieds» dis-je en sirotant mon chocolat chaud.
Alors, Patrick repose sa tasse fumante sur la table, se penche et attrape mes deux chevilles. Il me fait basculer vers lui. Je ne sais pas ce qu’il fait et le regarde surpris. Il soulève son
tee-shirt et pose mes pieds froids sur son ventre chaud.
Cette proximité et cette intimité me troublent et me fond frissonner. Le contact de mes pieds sur son ventre est tellement spécial que j’en rougis.
-Ca va mieux comme ça ? me sourit Patrick l’air presque féminin.
Je regarde mes orteils posés sur ses côtes saillantes pendant que ma queue se dresse comme une ogive nucléaire soviétique.
«C’est agréable je trouve mais tu vas avoir froid au ventre» dis-je comme pour cacher ma gêne.
Il me sourit et je réalise que ce contact lui procure autant de plaisir qu’a moi. Sous mes talons, dans son pantalon, je devine son sexe tendu, dressé vers mes pieds.
Essayant de garder contenance, je sirote mon chocolat en regardant Patrick ses mains posées sur mes pieds nus.
Le silence de la pièce confère une intimité agréable et un peu troublante. Patrick me regarde souriant, à demi moqueur. Il tend un doigt vers ma bouche et essuie au dessus de ma lèvre supérieure un
peu de mousse blanche puis pose son index sur mes lèvres. J’entrouvre timidement la bouche et lèche le doigt de Patrick.
Patrick me regarde et ne me lâche pas des yeux.
-J’ai plus froid aux pieds, dis-je dans un murmure.
Patrick me sourit et prend mes chevilles délicatement et repose mes pieds sur le sol.
«Il en a de la chance Valentin de t’avoir» dit Patrick en caressant mes cheveux.
J’ai envie qu’il m’embrasse, j’ai envie qui me caresse mais je devine qu’il ne fera rien.
Patrick se lève pour ramener les tasses à la cuisine et me laisse seul sur le divan. Je bande toujours et je me demande si c’est pareil pour Patrick. Je le rejoins et le retrouve en train de mettre
les tasses dans le lave-vaisselle.
Quand il m’entend, Patrick se redresse et me regarde droit dans les yeux. Je m’approche tout prés de lui. Je sens son souffle sur mon visage. Au ralenti, je pose mon front sur son épaule. Patrick
ne bouge pas. Je sens qu’il me regarde mais ne bouge toujours pas; alors, je lève la tête. Ses yeux sont magnifiques. Je sens sa respiration sur ma bouche. J’avance mes lèvres et les pose sur les
siennes. Patrick frémis. J’incline ma tête mais et Patrick embrasse mes lèvres pour la première fois. Je passe mes doigts sur sa nuque, approche son visage du mien et l’embrasse encore. Patrick
pose ses mains sur mon dos et glisse sa langue dans ma bouche. Je l’embrasse et m’abandonne contre lui.
-Je ne peux pas, julien. Tu comprends, il y a Valentin. Je peux pas.
Je baisse la tête, j’ai honte de l’avoir tenté.
Patrick me sourit et je fonds.
-Il faut que je parte, dis-je.
«Oui, c’est mieux» rajoute Patrick.
Je récupère mes chaussettes et suis sur le pas de la porte un instant plus tard. Patrick et moi nous serrons. Il m’embrasse furtivement, du bout des lèvres.
C’est le moment de nous séparer. Je descends les escaliers, mon skate sous le bras. Soudain, j’entends la porte se rouvrir derrière moi.
Patrick surgit et dévale les escaliers quatre à quatre. Il me plaque contre le mur et m’embrasse fougueusement. Sa langue explore ma bouche mes mains ses fesses. Il me caresse, me touche,
m’embrasse, me serre. Je bande comme jamais et je sens son pénis raide dans son pantalon.
-Julien, Julien, soupire t-il.
J’ai envie qu’il me porte jusque sur son lit, qu’il me déshabille. Qu’il me montre son corps, qu’il visite le mien.
Des images de Valentin se bousculent dans ma tête. Son message texte de ce matin tourne sans fin dans mes oreilles : «Je pense à toi, je pense à toi»
-Je ne peux pas Patrick, dis-je entre deux baisers.
-Oui tu as raison Julien. Vas-y.
a suivre
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