recit gay de
Dès ce jour, mes journées furent torturées. Je ne vivait que pour voir ce bel inconnu. Tant qu’il n’était pas dans mon champ de vision, le vide et la tristesse m’habitaient. Un vide que rien ne
parvenait à combler. Pendant le week end qui avait suivi notre première véritable rencontre, je passais mon temps dans ma chambre, toujours aux aguets dans l’espoir qu’il vienne à ma rencontre.
“Après tout, il sait que je ne me fiche pas totalement de lui, puisque je lui ai dit bonjour” Pensais-je, pour me rassurer.
Le lundi, mes yeux incertains et triste étaient à l'affût de son arrivée. Mais l’être devenu si subitement cher à mon coeur se refusait à arriver. Après tout, je ne connaissais même pas son
emploi du temps, alors comment prévoir l’heure à laquelle il venait ? Sans le comprendre, ni même le réaliser, j’étais tombé amoureux. Une seule poignée de main avait suffi à marquer un contraste
si fort entre la façon dont je le considérais entre aujourd’hui et les mois derniers. Je ne suivais pas les cours, à vrai dire, je m’en fichait. Une seule chose comptait pour moi : Thomas. Ce que
je ressentait était si fort que j’avais l’impression de mourir à petit feu. Des tas de questions se bousculaient dans ma tête. Comment l’aborder ? Ressentira t-il la même chose que moi ? À mes
yeux, ce n’était ni de l’amour, ni de l’amitié. Seulement une terrible et éprouvant obsession. Une intense jalousie m’emportait lorsque je le voyais avec d’autres personnes qui n’étaient pas moi.
Moi ! Moi qui aurait fait n’importe quoi pour ne serait-ce que lui dire un simple salut. Je n’avais rêvé que de lui et c’est que je faisais actuellement pendant que mes profs dictaient leur
leçon. J’étais ailleurs.
À chaque entre-cour, je le guettais dans les couloirs, je passais mes récréations à l’observer. Tout en lui me fascinait, que ce soit dans sa démarche ou dans sa façon de parler. D’après ce
que j’avais pu voir, il me semblait parfait. Sa peau doré par le Soleil prenait des éclats d’or et pour moi, il valait plus que tout l’or du monde. Si on ne l’observait pas suffisamment
longtemps, on aurait pu croire qu’il était gros, mais j’ai réalisé avec délice qu’il n’était qu’une grosse boule de muscles. En effet, il avait des mollets plus gros que mes cuisses, qui je dois
l’admettre, étaient maigres à faire peur. Son visage me paraissait pur, encore épargné par l’acné. Il n’avait aucun grain de beauté, ce qui me donnait encore plus envie de le toucher, de le
caresser. Mais malgré tout mon désir, je ne voulais pas ma branler en pensant à lui. Je trouvais cela trop vulgaire et j’avais presque peur de le souiller.
Mais je n’en pouvais plus de me contenter de le regarder discrètement, j’avais besoin de plus, sans savoir pour autant comment y parvenir.
J’avais attendu avec impatience le vendredi suivant et c’est exactement au même endroit où je l’avais rencontré que j’attendis. Mon esprit était en ébullition, perdu dans une tempête de
sensations. Mais il fallait que je me calme, à moins de rater pitoyablement le morceau de Schumann que je devais travailler à mon cour de musique. J’ai cru que mon coeur coulait de déception dans
ma poitrine lorsque ma grand mère arriva. Je montai dans sa voiture, l’air dépité. Elle ne me demanda pas pourquoi j’étais si triste et je lui en fit grâce. Je n’avais pas envie d’en parler, ce
serait trop me dévoiler. Et comme s’il me fallait ça ! J’avais oublié mes partitions. Ma grand mère bougonna un peu en faisant demi tour, mais je lui promis de me dépêcher. Une fois arrivé, je
m’engouffrai dans la maison par la porte laissé entrouverte et revint quelques secondes plus tard. Alors que nous nous remettions en route, j’observai avec ennui les élèves de mon quartier
descendre de leur bus. Je me redressai brusquement lorsque je vis mon voisin parmi la foule.
- Qu’est-ce qu’il y a ? S’enquit ma grand mère.
Mais je ne répondis pas. Collé contre la vitre je regardai avec une pointe d’envie Thomas rentrer chez lui, marchant seul sur le trottoir. J’aurais tant aimé qu’il me voit, mais j’étais
déjà bien loin.
- Toi, tu es amoureux, souffla la mère de mon père avec malice.
- Hein ? Mais non, fis-je, surpris d’avoir été percé.
Un petit sourire me fut adressé en guise de réponse. Si elle savait ! Son petit fils en train de chérir un garçon… Je poussai un soupir, la vie était dure parfois.
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